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La bataille de Daraa s’amorce : les forces spéciales al-Ridwan du Hezbollah seront de la partie - 21 juin 2018 

Publié le par Samir Svet

La bataille de Daraa s’amorce : les forces spéciales al-Ridwan du Hezbollah seront de la partie
21 juin 2018 
La bataille de Daraa s’amorce : les forces spéciales al-Ridwan du Hezbollah seront de la partie

De toute évidence, la bataille de Daraa contre le groupe armé « État islamique » (Daech, appelé Jaish Khaled Bin al-Waleed dans cette zone), al-Qaeda et « l’Armée syrienne libre » s’amorce. Le gouvernement syrien fera fi des menaces proférées par les USA de bombarder l’armée syrienne et de celles d’Israël (qui soutient les djihadistes depuis des années en leur procurant des fonds, des renseignements de sécurité et une aide médicale) visant à empêcher les forces de Damas d’atteindre la frontière. Damas passera outre aussi à l’accord Russie-USA-Jordanie visant à protéger et à respecter la zone de désescalade à très long terme.

Damas a demandé à ses forces spéciales sous le commandement du général Suheil al-Hassan (al-Nimr ou tigre) de se rendre à Daraa. Ces forces sont déployées exclusivement sous commandement militaire russe dans l’ensemble du territoire syrien. Le gouvernement syrien concentre également des unités de missiles antiaériens à Daraa, mais aussi à l’arrière du front autour de Damas, en ayant ordonné à ses unités de missiles stratégiques d’être prêtes à intervenir pour protéger les forces terrestres. Cela indique que la bataille qui se prépare sera dure et qu’une intervention des forces régionales en Syrie n’est pas exclue.

Le commandement syrien n’a pas tenu compte des demandes des USA et d’Israël d’exclure la présence du Hezbollah et des alliés iraniens à Daraa. Le président syrien Bachar al-Assad a ainsi demandé aux forces spéciales al-Ridwan du Hezbollah de prendre position à Daraa et autour pour participer à l’attaque à venir.

Des sources sur le terrain ne s’attendent pas à ce que les USA se retirent du passage frontalier d’al-Tanf entre la Syrie et l’Irak, comme le demandait Damas en échange de l’absence du Hezbollah et de l’Iran à la bataille à Daraa, parce qu’Israël croyait que cette bataille n’aurait pas lieu. Le gouvernement syrien a donc décidé de livrer combat à Daraa et d’extirper les djihadistes du sud pour reprendre le contrôle total du territoire ou même imposer une négociation par la force afin d’obtenir le retrait des forces US d’al-Tanf.

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L’armée syrienne compte aussi régler les choses dans le sud pour ensuite déployer toutes les forces offensives vers le nord et la Badia et livrer le combat au reste des forces de Daech présentes dans cette partie de la Syrie.

Les USA sont en proie à un dilemme quant au maintien des milices qu’ils ont entraînées, soutenues et financées dans la zone frontalière entre la Syrie et l’Irak. Ces milliers de mandataires pourraient devenir un fardeau si les USA décident de se retirer, car ce sont des forces arabes et non kurdes. Ainsi, tout accord prévoyant le retour d’al-Tanf aux mains du gouvernement central signifierait le retrait de ces milliers de militants dans la zone contrôlée par les forces kurdes dans la province d’Hassaké au nord, également sous occupation des forces US. Leur arrivée pourrait causer des conflits ethniques entre Kurdes et tribus arabes de la région qui refusent la domination kurde, d’autant plus qu’Ankara et Damas voient la coopération des Kurdes avec les forces d’occupation d’un très mauvais œil. Il est également indéniable qu’aucune force d’occupation n’est destinée à rester à jamais dans le pays qu’elle occupe et que tôt ou tard, l’histoire démontre qu’elle finit toujours par être confrontée à une résistance populaire.

Quant à la position russe par rapport à la bataille de Daraa, des sources militaires dans le sud de la Syrie ont affirmé que le brigadier syrien Suhail al-Hasan ne serait pas présent dans la région sans répondre à une requête spéciale de la Russie. Les « Tigres » sont des forces spéciales sous le commandement de la Russie, avec le consentement et l’accord du président Bachar al-Assad. Moscou ne veut donc pas que des forces djihadistes collaborant avec Israël ou les USA conservent des territoires en Syrie. La Russie ne vise pas non plus une victoire partielle au Levant maintenant que la partie utile de la Syrie (la zone géographique la plus peuplée du pays) est libérée, exception faite du nord. Voilà pourquoi la libération du sud est perçue comme une nécessité.

La Russie a des plans plus ambitieux au Levant. Pendant ma visite de Palmyre et de ses environs, la présence de milliers de militaires russes m’a frappé, ce qui indique que Moscou envoie de nouvelles forces d’infanterie et forces spéciales en très grand nombre. Cette présence imposante n’a pas été annoncée.

Cela peut aussi vouloir dire que la Russie ne veut pas que les USA maintiennent une sphère d’influence à long terme en Syrie, tout en cherchant à demeurer la seule force à maintenir la Syrie sous sa sphère d’influence. Cette perception de l’approche de la Russie est cependant difficile à concilier avec les alliés de la Syrie. Ce n’est toutefois pas Moscou qui décide en définitive qui peut rester ou partir en Syrie. Il est vrai aussi que pour le moment, la Russie trouve que toutes les forces alliées, y compris le Hezbollah et l’Iran et ses alliés, sont absolument nécessaires tant et aussi longtemps que les forces US occuperont le pays.

La Turquie ne constitue pas une menace ou un dilemme pour la Russie. Moscou et Ankara sont parvenus à divers accords depuis la bataille du grand Alep jusqu’à celle de la Ghouta, sans oublier la bataille d’Afrin et l’avancée turque vers Idlib et ses environs dans le but de frapper et de « diviser » al-Qaeda (défection des « Horas al-Din » plus radicaux de « Hayat Tahrir al-Cham » commandé par Abou Mohammad al-Joulani à la demande de la Turquie).

La Russie et la Turquie considèrent les USA comme la principale menace en Syrie en raison de la volonté de « changement de régime » qu’ils affichent, de leurs projets de partition qu’ils sont capables de promouvoir et de leur désir de créer pour les Kurdes une entité spéciale, pas par amour pour eux, mais pour maintenir la pression sur Ankara et Damas.

Ainsi, la bataille du sud approche malgré le harcèlement d’Israël, l’attaque des forces alliées à l’Iran qui combattent Daech à Albou Kamal et sa demande (en vain) de voir le Hezbollah loin de Daraa. Israël cherche à perturber la stabilité de la Syrie, mais n’est pas parvenu à attirer vraiment l’attention sur sa nécessité parce que l’objectif stratégique du jour est de libérer le sud. Assad n’a que faire de la préoccupation d’Israël et est loin de tenir pour un fait accompli la sécurité de la frontière d’Israël et la ligne de démarcation de 1974 sur les hauteurs du Golan occupé.

Damas collabore avec ses alliés pour libérer le sud sans la moindre hésitation, libre de toute influence ou menace de quelque magnitude que ce soit, parce que l’heure est venue de mettre fin à la présence d’al-Qaeda et de Daech dans le sud en premier lieu, pour ensuite se déplacer vers le désert oriental puis se concentrer sur les forces d’occupation US et turques dans le nord.

source:https://ejmagnier.com/2018/06/20/la-bataille-de-daraa-samorce-les-forces-speciales-al-ridwan-du-hezbollah-seront-de-la-partie/

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