Le crépuscule du cyclope américain 26 août 2017.-- Je pensais au cyclope parce qu’il est fort, bête, borgne puis aveugle, et qu’il jette des roches sur tout ce qui bouge. Il se croit aussi tout permis le cyclope. Lisez Homère (chant IX) : Est-ce pour un trafic, ou errez-vous sans but, comme des pirates qui vagabondent sur la mer, exposant leurs âmes au danger et portant les calamités aux autres hommes ? Pour le cyclope comme l’Amérique, tout étranger est un rogue potentiel, bon à être attaqué, bouffé ou sanctionné financièrement. Trump devait marquer une pause dans le délire impérial US. Il va au contraire marquer un paroxysme, y compris dans la dimension théâtrale, atrabilaire, pardique et même comique (je l’ai comparé à Leslie Nielsen, notamment quand l’inspecteur infiltré casse la gueule à Gorbatchev et à tous les leaders arabes qui gênent alors l’empire). L’Amérique étant la puissance bienveillante, absolue, qui a réduit en esclavage le monde et en particulier l’Europe, nous devrons aller jusqu’au bout, jusqu’à la fin donc de son épopée eschatologique.

Publié le par Samir Svet

Le crépuscule du cyclope américain
26 août 2017.-- Je pensais au cyclope parce qu’il est fort, bête, borgne puis aveugle, et qu’il jette des roches sur tout ce qui bouge. Il se croit aussi tout permis le cyclope.  Lisez Homère (chant IX) :
      Est-ce pour un trafic, ou errez-vous sans but, comme des pirates qui vagabondent sur la mer, exposant leurs âmes au danger et portant les calamités aux autres hommes ?
Pour le cyclope comme l’Amérique, tout étranger est un rogue potentiel, bon à être attaqué, bouffé ou sanctionné financièrement.
Trump devait marquer une pause dans le délire impérial US. Il va au contraire marquer un paroxysme, y compris dans la dimension théâtrale, atrabilaire, pardique et même comique (je l’ai comparé à Leslie Nielsen, notamment quand l’inspecteur infiltré casse la gueule à Gorbatchev et à tous les leaders arabes qui gênent alors l’empire). L’Amérique étant la puissance bienveillante, absolue, qui a réduit en esclavage le monde et en particulier l’Europe, nous devrons aller jusqu’au bout, jusqu’à la fin donc de son épopée eschatologique.

Philippe Grasset écrivait hier :

« On ne mentionnera pas ici le détail des innombrables objections, sarcasmes, condamnations, etc., qui entourent le terme de “bienveillante” (benevolence) alors qu’on connaît dans le chef des USA les pratiques de guerre, les intérêts, la corruption, l’absence de respect de toute règle qui n’est pas américaniste, etc. Ces objections, qui fondent en fait une condamnation générale et sans appel, sont toutes justifiées, jusqu’à faire des USA, autant dans l’exercice de la puissance que dans la constance et dans la longueur sans fin de cet exercice, l’entité la plus destructrice et la plus déconstructrice qu’ait connue l’Histoire. »

L’Amérique fut déconstructrice dès le début et sa dimension tératologique fut devinée par les plus Grands (j’en ai parlé ici), de Goethe à Hegel, de Tocqueville à Baudelaire, de Dostoïevski à Poe. Nous n’en sortirons pas.

Philippe Grasset ajoute :

« Nous sommes même persuadés que cette attitude trouve sa source dans la nature même des USA telle qu’elle se fit à l’origine, par son refus de l’Histoire en arguant d’une idéologie entièrement imprégnée d’une théologie absolutiste et de l’affirmation d’une exceptionnalité d’en-dehors de l’Histoire. La “bienveillance” dont se targuent les USA est une illusion de la psychologie américaniste qui entretient constamment un simulacre de politique, – tout cela se retrouvant d’ailleurs dans les caractères fondamentaux de la modernité dont les USA sont la créature absolument. »

La dimension destructrice de la modernité est évidente, de la guerre de l’opium aux guerres mondiales, en passant par le colonialisme et l’air conditionné évoqué ici. On découvre qu’en détruisant leurs statues, leurs livres, leurs coutumes, les puissances occidentales sont toutes heureuse de s’autodétruire. Qu’elles crèvent, disait Flaubert de l’école de Lamartine (autre moderniste). La perte n’est pas grande.

Moins polémique, Philippe poursuit sur les raisons démentielles de la poursuite de l’offensive US en Afghanistan :

« Dans le cas de l’Afghanistan comme dans tant d’autres, il ne s’agit ni d’impérialisme ni d’expansionnisme au premier chef, il s’agit d’abord de psychologie… La psychologie US est le fondement de la politique US et non, comme c’est l’habitude pour les nations inscrites dans l’Histoire, un moyen et un outil de perception de la réalité pour permettre à l’intelligence et à la raison plus ou moins équilibrée de penser et de déterminer une politique. La politique US est directement inspirée par sa psychologie refermée sur elle-même, elle n’est donc pas “pensée” en tant que telle. (Ce cas serait assez proche de l’Allemagne nazie dont la psychologie fut également bouleversée par une psychologie sortie de l’Histoire.) »

Ce problème de pays élu destiné à faire la guerre au nom du bien nous rapproche bien, nous en sommes d’accord, de qui l’on sait. Mais qui jugera nos étranges juges, alors qu’ils tirent sur le tribunal ?

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